Lait cru
$26.95Je sais maintenant quesi je m’égare, je pourrairevenir chez moi.Même mort. La ferme québécoise n’est ni verdoyante, ni paisible; elle est hantée. Par les disparu·es, les histoires de peur, les tabous familiaux et les poussins morts dans leur coquille. Y règnent d’invisibles troupeaux broyés par le travail, par l’éternelle tâche de nourrir la province.Parmi ces ombres, un garçon avance entre son timide frère aîné et son cadet rebelle. Tourmenté et fantasque, l’enfant du milieu marche à la lisière des champs et des bois, en équilibre sur cette fine frontière qui sépare le réel des corps flottants, des acouphènes et des cauchemars. Jusqu’à s’y abîmer, un jour d’hiver où le froid efface ses empreintes digitales. Mais une fois hospitalisé, le jeune homme continue d’arpenter le rang, à y chercher ce qui n’est peut-être pas perdu.Lait cru est un roman d’allers-retours entre un présent aseptisé à l’unité psychiatrique et les souvenirs non pasteurisés d’un fils d’agriculteur, élevé pour prendre le relais d’une ferme où les jeunes mâles finissent sacrifiés. Un monde magique, brutal et immensément vivant déferle dans ce texte qui plonge, comme aucun autre avant lui, dans le mal-être rural, faisant entrer une bonne dose de gothique dans le pittoresque figé du terroir. L’écriture de Steve Poutré sollicite les sens et le cœur; elle creuse les lieux communs pour en déterrer les squelettes, et les esprits pour en faire jaillir les démons. Un premier roman saisissant, qui questionne la servitude des humains et des bêtes, et le rapport tendre et tordu qui les unit. Un récit qui se boit d’une traite.